Nous donnons très peu de place à ce qui est indispensable et nous ne mettons aucune limite au superflu.
Toute notre société de consommation est construite sur la frustration programmée, incompatible avec la satisfaction à laquelle nous aspirons tous.
Plongés dans l’outrance et la surabondance, nous sommes encore insatisfaits. Il y a d’un côté la misère de l’être et, de l’autre, celle de l’avoir.
La modération est puissante en ce qu’elle nous permet de reconquérir notre légitimité : plus nous sommes modérés, plus nous pouvons répondre par nous-mêmes à nos besoins fondamentaux et nous garder de l’aliénation. Elle concentre nos efforts sur l’essentiel, nous libère d’un système complexifié et exalte le génie et la force de la simplicité. Elle libère du temps pour être et admirer, plutôt que de nous incarcérer dans le produire et le consommer, et nous permet ainsi de répondre à notre véritable vocation.
Pierre Rabhi, La puissance de la modération, 2015